Les Armoiries de la ville brazzaville
Toutes les villes du monde ont des armoiries qui représentent leur histoire. Cette culture devenue universelle n’épargne pas la ville de Brazzaville. Ainsi, les armoiries de la ville de Brazzaville furent adoptées le 29 septembre 1950, au cours d'une réunion de la commission municipale composée par M. Durant, administrateur-maire, Messieurs Gerard, Proucel, Biran, Amouroux, Bikoumou et Landa.
D’après le procès-verbal de la réunion de cette Commission municipale, les armoiries de la ville de Brazzaville sont représentées par un écu multicolore centré entre deux palmes vertes, surmonté d’une coiffe batéké, le tout assis sur une banderole blanche qui représente les inscriptions suivantes : « Tous ceux qui le touchent sont libres ». La composition de ces armoiries conçues comme emblème suivant les règles héraldiques classiques, fut faite en 1950 par Jean Glénisson, archiviste paléographe du gouverneur général de l’époque.
La maquette fut dessinée par Pierre Lods, alors créateur et directeur de l’Ecole de peinture de Poto-Poto.
Les éléments constitutifs de ces armoiries symbolisent la combinaison de l’emblème de la famille italienne des Comtes de Brazza Cergneu Savorgnan et des insignes des rois batékés avec qui l’explorateur humaniste et pacifiste traitait le 10 septembre 1880 à Mbé. L’écu divisé en quatre, comporte les armes de Brazza en deux de ses quartiers( drapeau et pal) et dans les deux autres, une tête d’éléphant et les petites plumes rouges de queue de perroquet congolais que les vieux chefs batékés, dans les villages, piquent encore dans leurs cheveux.
Les explications des armoiries de Brazzaville se retrouvent dans les procès verbaux de la commission municipale de Brazzaville du 29 septembre 1950. En voici la description officielle :
« Les armes proposées s’énoncent :
- écartèle au 1 de gueule au drapeau d’argent hampé d’or en bande ;
- au 2, d’azur à la rencontre d'un éléphant d’or armé d’argent ;
- au 3, d’or aux trois plumes de perroquet de gueule 2 et 1 ;
- au 4, d’argent au pal de sable.
Deux palmes, le tout timbré d’une couronne de plumes de sable et de gueule aux cauris d’argent représentant la coiffure des rois batékés ».
La coiffe du haut de l’écusson représente un couvre-chef royal des Makoko, fait de longues plumes d’engoulevent (oiseau nocturne qui n’a que deux plumes démesurées dans chaque aile).
Les « cauris » sont ces petits coquillages qui jadis servaient de monnaie en Afrique.
La banderole sur laquelle il est écrit : « Tous ceux qui le touchent sont libres » fut ajoutée par cette Commission municipale. Voici les sources de cette devise extrait du livre sur De Brazza écrit par le Général de Chambrun, beau frère de De Brazza : « Une nuit, De Brazza fut réveillé par les appels réitérés d’un fugitif qui, ayant rompu un maître cruel, celui-ci ne tarda pas à réclamer sa marchandise humaine.
Fallait-il rendre le malheureux fuyard ou lui accorder asile sous les plis du drapeau ?
De Brazza n’hésita pas un seul instant d'étendre sa protection. Mais, en cette circonstance, il se montra aussi pratique qu’humanitaire et, ne voulut pas risquer de compromettre irrémédiablement le succès de son entreprise et, en affirmant les droits de propriété, il trancha la difficulté en achetant l’esclave à 400 francs, bien que le prix habituel dans ce pays fût de 2 kg de sel, d’un bassin de cuivre (Neptune) valant 1, 50 franc et d’un collier de perle (de Venise) de deux sons.
Quand, sur le marché voisin, on apprit l’étrange nouvelle, qu’après avoir payé pour la libération d’un homme, on payait ensuite son travail, il y eut un grand émoi. Quatre malheureux d’abord, puis une vingtaine, se jetèrent aux pieds du bienfaiteur.
Alors De Brazza jugera bon de frapper l’imagination par une certaine solennité. Au milieu de son campement, il fit hisser le drapeau français et, en montrant du doigt la hampe et, il dit : « Tous ceux qui le touchent sont libres. Nous, la France, ne reconnaissons à personne le droit de maintenir un homme en esclavage ». « Au fur et à mesure que chacun s’approchait de notre pavillon, les laptots faisaient tomber les fourches du cou et brisaient les entraves des pieds. Puis, alignés, libérateur et libérés saluaient le tricolore ».